Une autoroute et un portail

Cette semaine j’ai traîné les pieds pour écrire.

J’ai traîner les pieds parce que je n’avais pas le moral et que je ne voulais pas voir un post déprimant… tant pis.

Je me permets de planter le décor pour ceux qui ne savent pas. Ma famille et moi avons déménagé l’année dernière (en mai) dans une maison extraordinaire, un ancien moulin dans un parc de château avec suffisamment de terrain pour accueillir honorablement de jolis poneys… un véritable coup de coeur (d’ailleurs, nous l’avions visité pour la fête des amoureux de 2015.) Seule ombre au tableau, la maison est sur le tracé du GCO, le grand contournement ouest, censé libéré les alentours de Strasbourg de ces horribles bouchons.

Nous avions signé en connaissance de cause.

Nous pensions vivre notre rêve au moins 3 années.

Nous avions tort.

Récemment tout s’est accéléré et cette semaine nous avons eu connaissance du planning de l’entreprise chargée des travaux. Début des expropriations : juin 2016.

Mais si je suis si profondément émue, c’est que les plans montrent la destruction de la grange puisque l’autoroute passera dessus (ainsi que sur une incroyable clairière avec une marre et un saule pleureur) et que la maison, à défaut d’être détruite, sera abandonnée.

Oh, elle est bien loin d’être parfaite cette maison! Elle est dure à chauffer, le sol du 1er étage penche vers l’ouest, elle n’a que 3 fenêtres au sud et elle est entourée de boue.

J’ai vécu dans de nombreux endroits, j’ai aimé profondément les maisons où j’ai grandit. Mais là c’est différent.

C’est un coup de foudre suivi d’une passion.

Le genre de passion, vous savez, où l’on ne voit aucun défauts auprès de l’autre. Ou plutôt, que nous adorons même ses défauts! Mon coeur bat quand je la vois, elle, et ses défauts.

Et comme toute passion qui vaille, celle-ci sera courte.

Elle sera destructrice aussi, car petit à petit je me sens inutile de ne pouvoir la sauver. Je me sens coupable de ne pouvoir promettre à Mr Hollande de payer sa future campagne, comme le fait celui qui va détruire ce coin de paradis. Je ne saurai forcer Strasbourg à créer un décret interdisant la circulation des poids lourds sur l’A35, comme l’a fait celui qui va détruire ma grange (décret qui ne sera mis en oeuvre qu’au moment de l’ouverture de l’autoroute payante/ GCO : je déteste Vinci, mais je dois reconnaître leur intelligence!)

Ça c’est pour la partie autoroute.

Le portail, ça, c’est moi. Enfin, c’est l’artiste en moi!

Vous allez voir, c’est tout bête, mais comme le dit si bien mon cher et tendre, ce sont souvent les vérités toutes simples qui sont les plus puissantes.

 

Ma peinture chamanique ci-contre, me parlait de ce fameux portail. J’avais bien compris qu’il s’agissait là de créativité, de dialogue entre le « monde des idées » et le monde incarnée. J’avais vu le passage entre les différentes zones. Pourtant, j’étais loin d’avoir une vision claire de ce passage.

J’ai dû attendre la lecture du dernier livre d’Elizabeth Gilbert pour recevoir le déclic!

Parce que ce pont, ce passage, ce portail, c’est quoi au juste?

Ce n’est pas la toile, encore moins le pinceau.

Non.

Le véritable outils, l’instrument merveilleux pour permettre aux idées de prendre vie sur Terre, c’est l’artiste (oui, c’est une vérité TOUTE simple.)

Ma toile me parlait du rôle que j’avais à jouer en tant que portail entre les mondes. Elle m’indiquait que j’avais bien plus d’importance que je ne le voyais alors…

C’est drôle, non, ce timing? Au moment où je me sens misérable et impuissante, je reçois une grosse claque dans la tête qui me dit « mais pourquoi penses-tu ça? Ne vois-tu pas que tu es nécessaire? »

Alors, même si une autoroute vient écraser l’existence de ce petit bout de paradis (qui avait su résister jusque là face à tous ces champs carrés, vides et déprimants de la plaine d’Alsace) cet endroit précis a su ouvrir un portail prodigieux.

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L’opposition se réveille