La signature

Au risque de me contredire… j’ai beaucoup de mal à lâcher prise!

Voui! Je tombe dans le blog-choc avec des révélations horribles à partir de la première phrase.

En réalité, j’écris beaucoup sur le lâcher prise pour m’aider moi-même, parce que je fais partie de ces personnes qui aiment bien tout contrôler (et c’est pourquoi peindre de façon intuitive m’aide énormément, car je contrôle peu.)

Ma dernière prise de tête? La signature. Ou plutôt devrais-je dire LA signature. Celle qui devrait figurer en place d’honneur sur mes toiles. Laissez-moi vous dépeindre le tableau (lol) :

Votre peinture est pratiquement terminée. Vous faites quelques pas en arrière pour voir ce que vous avez à ajouter ou à modifier.

Là.

Oui, là, il reste une zone dont le bleu coince avec le reste de la toile (…)

Une petite modification ensuite, vous reculez à nouveau. Vous avez beau regarder en haut, en bas, à droite, à gauche, vous ne trouvez plus rien à rectifier. Vous souriez, votre coeur se remplit de fierté, vous trouvez votre toile magnifique. Il ne reste plus qu’à la signer!

Et là… vous vous rendez compte que vous ne savez pas quoi mettre!

Oui! Après des heures, des semaines de réalisation, le plus dure devrait être derrière vous… eh non!

Ça paraît extrêmement évident, puisque les Grands peintres ont signé avec leur nom de famille. Le vôtre il fait presque toute la longueur de la toile, parce que vous avez eu la bonne idée de vous marier et de garder votre nom de jeune fille en plus… alors lequel choisir? Si j’ai vachement de succès, mais qu’un jour je divorce, est-ce que je voudrais garder le nom de mon ex sur toutes mes toiles futures? Si je signe avec mon nom de jeune fille, ne vais-je pas éluder une grosse part de ce que je suis?

Bon… je vais signer de mon prénom alors!

Oui… sauf que mon prénom signifie pussy en anglais (alors bon, personne d’un tant soit peu respectable ne voudrait avoir un nom d’argo sur une toile! Adieu carrière internationale!!!!)

Alors… un logo? Euh… nan!

Les initiales? Mais oui, c’est cool les initiales! (je précise qu’à ce stade, je ne suis plus devant ma toile… il est 4h du mat, je suis dans mon lit…) Montée d’adrénaline aidant, je ne trouverais pas le sommeil avant 7h! Oui, parce qu’ensuite, mon esprit lancé à pleine vapeur, va tenter de trouver 10 000 combinaisons possibles avec 3 lettres (à la verticale, à l’horizontale, en diagonale tient c’est marrant) ou en logo (on avait dit pas de logo, je sais…) Bref, je finis sur une idée qui ressemble un peu à un smiley pourri!

Au réveil, devant ma toile, vraiment non… je ne peux pas me décider à ajouter un smiley moche sur cet abstrait que j’adore.

Bon, on fait quoi?

Ben… on pinterest! Et on culpabilise car apparement personne n’a ce problème. Autour de moi on se moque un peu… “mais, t’as qu’à juste signer.” Oui, ma signature administrative que j’ai inventé à mes 16 ans et qui est un relant de vagues les unes sur les autres. Autant mettre un paté!

Et puis franchement, j’ai qu’à poser la question! Attend une minute… Matisse ouvrirait-il un mail avec pour objet “Euh salut… cherche à savoir si tu as eu des soucis avec ta signature?”

Je consulte alors les artistes vivants et accessibles que j’adore et je m’aperçois que beaucoup possèdent un nom d’emprunt. Le concept fait un peu rêver non? Si jamais j’ai un succès dépassant mes rêves les plus fous, je n’aurais pas besoin de créer une muraille avec caméra de surveillance autour de autour de ma villa (genre Smet après avoir changer pour Halliday!) Je me rappelle alors immédiatement d’un épisode Friends (désolée, j’ai 30 ans) où Phoebe décide de changer de nom pour s’appeler Princesse BananaHammac…

Mes idées vont bon train, ma toile est bien sèche… ça va faire une semaine que je cogite.

A la fac on m’appelait Fannoche, c’est sympa ça… alors je décide de me lancer! Zou, peinture noire et pinceau fin et je signe Fanny Fannoche :

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Mon mari lit Fantoche et se marre. Je repeins sur ma signature.

Suggestion du dit mari “signe avec le nom de ton site internet!” Je signe donc sheartswild mais cela sonne faux. Comme si une entité qui n’est pas moi avait fait tout le boulot! Re-couche de peinture!

Je boude ma toile.

Mais je vous rassure… l’histoire finit bien!

Finalement, le miracle aura lieu. Une idée me traverse comme une fusée alors que je suis entrain d’écrire la rubrique “à propos” de mon site (mon histoire perso.) Tout du long, je m’étonne d’avoir vécu autour du mot wild. Il ne cesse de revenir dans ma vie (que ce soit des noms de lieux, de ruisseau, d’amour, de femmes sauvages…) et je signe mon texte par Fanny Wild. C’est marrant. Ça sonne bien. Et c’est proche de ce que je suis, très proche!

Je le tente dans la foulée sur ma toile.

Et paf, ça lui va!

C’est devant moi comme une évidence.

Comme si c’était là depuis toujours…

Il m’aura donc fallut presque 7 ans (entre le moment où je me suis remise à peindre et maintenant) pour avoir enfin MA signature (comme quoi, les choses qui paraissent les plus anodines peuvent receler de jolies surprises!)

Je m’arrête ici… j’ai environ une cinquantaine de toiles à rectifier (dont celles que j’ai donné à mes grand-parents qui n’ont pas échappé au smiley pourri!) Mais avant de vous laisser là, et après toutes mes confidences (on est en phase, pas vrai?) maintenant vous pouvez me le dire… c’est quoi vos essais signatures, votre parcours identitaire? Et votre signature actuelle? Dites-moi!

xo