Ma reconnexion

 

Inconsciemment elle était apparue, triomphante.

Pourtant, elle était auprès de moi depuis toujours.

Enfant, j’abreuvais mes soifs d’aventure en plongeant mes pieds dans un ruisseau de montagne, dont le nom, drôle de coïncidence, signifie « ruisseau sauvage » en allemand.

IMGP9083Mes yeux contemplaient le sommet de ma vallée. Un sommet venteux, souvent enneigé où avait eu lieu de véritables drames historiques : terre de jugement et de cruels bûchers pour de trop nombreuses femmes de jadis.

Je me pris à frissonner du destin si sombre qu’avait connu la femme sauvage. Mais son pouvoir n’avait pu être muselé. Il n’avait même pas pu être réduit en cendre. Le feu n’avait fait que la libérer…

Car la nuit, la femme sauvage revenait.

Dans le craquement du bois des poutres de ma maison d’enfance, elle était là.

Dans le vent agité, comme une mélodie entêtante, elle était là.

Les Haxes (nom patois donné aux sorcières, ces femmes brûlées sur le bûcher) revenaient pour nous hanter et je croyais vraiment entendre leur complaintes en me cachant sous les draps !

Je ne me doutais pas qu’il s’agissait en fait de leurs chants d’appel : la femme sauvage tentait de me réveiller afin de porter, à mon tour, ses valeurs.

Elle n’a pas perdu espoir… elle est restée confiante alors que je m’éloignais à des km d’elle. Elle sait patienter. Elle attend en nous, le sourire aux lèvres, parce qu’elle sait bien, (oh oui elle le sait bien !) qu’elle finira par jaillir.

Et enfin je l’ai heurté de plein fouet.

Enfin je l’ai reconnu, vivante, vibrante d’abord dans mes toiles et enfin, ENFIN, en moi.

Elle est avec moi quand je ris, quand je pleure, quand je rage, quand j’aime, quand je peins.

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C’est pourquoi, je signe désormais mes oeuvres avec mon nom (Fanny) et le sien (Wild).