La mode du chamanisme et les 13 Mères Originelles

Hier, c’était la journée de la Terre (#earthday).

L’occasion de vous parler du phénomène de mode autour du chamanisme, véhiculé par les « occidentaux » et le « New Age ».

Il n’y a qu’à voir les étagères des librairies Cultur-a et autres pour se faire une idée de la fertilité de cette thématique dans le paysage du développement personnel.

Sachez que la transmission des Sagesses Amérindiennes se fait uniquement sur un mode oral. Ainsi, TOUT ouvrage écrit ne sera jamais reconnu comme Médecine ou Amérindien. Ceci est un fait.

La grande majorité de ce que vous allez trouver est poétiquement dénommé « chamanisme plastique » par les hommes Médecine. Certains d’entre eux militent pour la fin de l’appropriation culturelle de ce savoir ancestral.

 

Le « chamanisme plastique »

Le chamanisme plastique se définit par une brassée d’auteurs et/ou praticiens se pensant chamanes ou cherchant à se faire de l’argent en surfant sur la vague chamanique des dernières années (d’ailleurs, vous pourrez voir que certains de leur livres sont en fait des publicités pour leur stage. On y apprend pas grand chose, si ce n’est l’adresse de leur site internet :p) Les livres en français en sont truffés… c’est particulièrement désolant !

Que penser alors de l’oeuvre « Les 13 Mères Originelles » de Jamie Sams ?

L’historique de l’auteure n’est pas claire pour tous. Née aux Etats-Unis dans une famille « blanche », Jamie Sams semble bien loin d’une origine de femme Médecine.

Pourtant, elle est connectée à des tribus amérindiennes par un autre lien que celui du sang. « Canal » depuis toute jeune, ses capacités auraient été repérées par des femmes de la tribu Seneca qui l’aurait ensuite adoptée .

« Adoptée » signifie dans ce contexte, « apte à recevoir les sagesses traditionnelles » en vivant avec eux, selon leur mode de vie. Donc, de devenir leur apprentie.

Que penser alors de son intégrité et de ses ouvrages, si le chamanisme ne se partage qu’à l’oral ?

Je ne peux pas nier la puissance des rencontres et découvertes faites en utilisant le livre des 13 Mères et mon point de vu est forcément biaisé : j’ai vécu des révélations fortes et belles, des épiphanies incroyables et j’ai pu canaliser moi-même des Mères lors de l’élaboration de ces ateliers (qui m’ont pris 2 années entières de travail tout de même !)

Mon point de vu personnel sur la question est donc le suivant : peu importe ses racines, je pense qu’il est indéniable que Jamie Sams ai reçu une part de la tradition Seneca. Ce qui nous mène à parler d’appropriation culturelle. Jamie Sams avait-elle le doit de diffuser ces savoirs ?

 

Appropriation culturelle  

Si la confiance des membres Seneca a permis à Jamie Sams de recevoir effectivement leurs sagesses, il reste que leur transmission écrite ne correspond pas à leur tradition. Les aurait-elle trahis ?

Bien que la démarche soit innovante pour son époque, cela reste difficile de savoir si Jamie Sams eu l’autorisation de divulguer ou non, les connaissances de Médecine féminine amérindienne. Je n’ai rien retrouvé qui le confirme ou non dans mes recherches personnelles, notamment sur les sites de dénonciation des impostures chamaniques (d’ailleurs, oui, ce genre de sites existent ! Leur création montre à quel point les dérives sont désormais nombreuses).

Ce qui tend à montrer son honnêteté peut se voir dans les indications qu’elle laisse concernant les 13 tambours, en admettant qu’ils ne sont pas intégralement de ses mains. Dans les chapitres de fin, elle évoque notamment l’impossibilité de transmettre d’autres informations. Ce qui prouverait à penser qu’elle n’a eu qu’une autorisation partielle.

De mon côté, j’ai été bouleversé de l’intensité de ses partages contenu derrière ses mots (dans la démarche d’aller comprendre le symbolisme caché de ses contes… cela nécessite un peu de boulot mais en vaut la peine.) Je ne crois pas qu’il soit possible de créer autant sans soi-même être touché par ces enseignements, sans grandir en tant qu’humain.

Et croître c’est aussi devenir de plus en plus intègre.

 

Les occidentaux peuvent-ils devenir chamans ?

Pourquoi cette fascination pour le chamanisme chez nous ?

Je ne pense pas que l’exotisme soit la raison première de cette recherche : c’est la faim de l’âme qui anime notre besoin de spiritualité !

Notre âme ne trouve plus de quoi se repaître après que notre culture spirituelle féminine européenne fût brûlée et qu’il n’en resta quasiment rien.

Étendre les sagesses amérindiennes peut alors être vue comme une décision forte d’aller à la rencontre de cet appel à l’aide silencieux de nos âmes occidentales.

Les traditions ont-elles été violer ? Ou transformer pour réponde à ce besoin de l’humanité ?

A y réfléchir, quelle offrande merveilleuse nous est alors offerte ! Comme retrouver un chemin caché dans les broussailles, abandonné depuis des centaines d’année et livrer à la repousse des ronces.

Je pense à La Belle Au Bois Dormant… un monde occidental endormi qui doit attendre le bon moment pour sortir de sa langueur par son prince charmant et son baiser légendaire. Ce baiser ne pourrait-il pas être la culture chamanique ?

Voici notre seconde chance.

Celle de reprendre la marche sur la piste du sacré.

De recommencer à nous lier aux mondes des Esprits et de Lumière.

Ne la gâchons pas en la détériorant…

S’autoproclamer « chamane » alors que l’on est effectivement sensible aux énergies ou capable de voyager dans les mondes, de communiquer avec l’invisible… n’est pas en correspondance avec la réalité. Nous pouvons trouver des mots plus juste : être praticiens chamaniques, en cours d’apprentissage, novices, etc… car n’oublions pas qu’un chamane passe toute une vie à apprendre : de l’enfance jusqu’à l’âge de nos retraités. Souvent, il a même croisé la mort (accident ou maladie) et le malin (ou la fausse lumière). Il ne pourra pratiquer sans son Maître, qu’à partir d’un âge vénérable.

N’en déplaise alors à certains avec qui j’ai pu échanger, il est donc tout simplement impossible de devenir chamane après avoir lu un ou deux livres sur le sujet ou suivi une formation. Ou encore mieux : se réveiller un jour en étant chamane (si si, il y en a ! Une maman fan de plantes sauvages est devenu un beau matin chamane et voulait qu’on l’appelle comme ça. Impossible de raisonner avec elle… je ne sais pas ce qu’elle est devenue, j’avais un mauvais pressentiment à son sujet et j’ai fait de mon mieux pour la prévenir. Ecris-moi si tu lis ces lignes.)

C’est d’ailleurs finalement évoqué tout au long des 13 Mères Originelles : chacune des gardienne bénéficie d’une vie extrêmement longue pour pouvoir intégrer UNE des sagesses de la Marche Sur Terre.

D’ailleurs, il est de bon sens de rappeler que l’illusion et le mensonge (qu’importe nos intentions : pour l’argent ou pour aider) se rattrape toujours ! (Vous savez… cette loi appelée « karma »).

 

Gratitude et discernement

J’éprouve une gratitude immense d’avoir croisé l’oeuvre des 13 Mères.

Mais franchement, comment remercier assez toute une culture qui a fait survivre les chemins sacrés ?

D’autant plus après tout ce qu’elle a subi par la notre… tellement meurtrie, encore et encore ?

Jamie Sams s’est activement engagée auprès des femmes amérindiennes (notamment par la création d’associations d’aide). Pour cela, il m’a semblé qu’une gratitude en conscience ne pouvait suffire. J’ai décidé de contribuer à une aide physique.

Afin de combattre l’appropriation culturelle résiduelle des ateliers des 13 Mères Originelles, 15% sera reversée à l’association Clan Mothers Turtle Lodge Inc. Fondé par Jamie Sams, ce centre est un véritable espace sacré permettant de protéger et aider les femmes natives amérindiennes à guérir de différents abus.

Mon souhait en conclusion, reste de pouvoir faire naitre tout un questionnement en chacune de vous, chères soeurs.

En livrant votre développement personnel, votre guérison à X ou Y, n’oubliez pas que vous mettez en fait votre âme dans les mains d’une personne.

Tarifs ou popularité, images Photoshopées… ne sont pas les meilleurs des indices du sérieux, du professionnalisme ou de l’intégrité des personnes qui vendent du contenu ou des expériences chamaniques.

Oui, être à la mode coïncide avec la multiplication des abus alors activez votre discernement, votre intuition. Écoutez votre voix intérieure et faites lui confiance.

Et posez la question de savoir de quel droit sont-ils ou elles chamanes ? En insistant parfois un peu, les masques tombent et l’ont trouve des personnes enfermées dans leur égo, loin d’être bienveillantes (mais partant souvent de bonnes intentions quand même.)

Je vous embrasse dans l’espoir d’un monde plus intègre ! N’hésitez pas à nous apporter vos ressentis et témoignages dans les commentaires.