Malentendu sur le pardon
On en parle beaucoup dans les ateliers sur les blessures émotionnelles : le pardon !
Mais je vois encore de nombreux malentendus à ce sujet, ce qui m’a inspiré cet article.
Faut-il toujours pardonner ?
(À lire ou à écouter jusqu’au bout, c’est important ! )
La réalité, en cas de traumas (abus, violence, ou négligence aussi…) c’est que ce qui a été fait, a pour conséquence qu’aujourd’hui de ne plus se sentir en sécurité nul part.
Même pas dans son propre corps (critiqué 100 000 fois, et cela même par des inconnus dans la rue !)
La réalité, c’est qu’on doute de soi, de son mental et de ses perceptions. Chaque seconde de chaque jour.
Faut-il alors pardonner à ceux qui ont changé a biochimie en nous à jamais ?
On voit le pardon comme quelque chose qui nous permettrait d’aller de l’avant.
Mais il y a un malentendu aussi. Quand on nous demande pardon, c’est souvent un moyen pour les autres de faire comme si de rien n’était. De tout effacer !
Sauf que notre corps, lui, n’efface pas les conséquences des traumas.
Alors désormais, j’emploie le mort « pardonner » comme synonyme de « se libérer ». Et là, on commence à mieux saisir ce que ça veut vraiment dire.
Faire comme si de rien n’était, ou « laisser couler » est une demande considérée comme valable pour les abuseurs : cela leur permet de ne jamais faire face aux conséquences de leurs actes.
Ne pas ternir leur image à l’extérieur.
Ne pas subir les lois.
Ne même pas se sentir responsable.
Ainsi, tout le poids de la responsabilité va peser sur la victime :
- le poids de l’acte violent et traumatique (ou l’ambiance dans le cas des traumas complexes)
- mais aussi la responsabilité des conséquences : « on doit montrer qu’on est une famille unie, ne ruine pas tout ! »
Ce qui est demandé n’est pas le pardon.
Mais l’oubli pur et simple.
Or… le corps, lui, n’oublie pas.
Un seul acte par lequel il a été rendu impuissant, par lequel il a connu la peur de la mort ; et on obtient un système nerveux qui n’oubliera jamais.
Parlons alors un peu de la personne au corps impacté. Au corps qui n’oublie pas, malgré ses efforts pour faire plaisir !
Parlons de l’épuisement vécue, à vouloir vivre comme tout le monde dans un corps qui ne fonctionne pas comme tout le monde.
Un corps qui dit « stop », « y’a un truc qui cloche » mais qu’on écoute pas pour continuer d’avancer comme tout le monde.
Et soudain… le corps lâche.
Déjà épuisée par cette pression d’être fonctionnel, voici que la victime va devoir, en plus, passer du temps, de l’énergie et de l’argent à reconstruire ce que d’autres ont détruit.
Et depuis ses racines mêmes !
La voici coincée dans un labyrinthe cognitif de peurs, où celle-ci va préférer continuer à vivre avec ses abuseurs, dans un cadre familier, parce que ses racines de sécurité ont été coupés.
Son rêve ?
Vivre en paix.
Zéro ambition, hormis de se créer une maison où elle pourrait baisser les armes et penser à autre chose qu’à sa survie.
Cependant, si on commence à voir que pardonner, ce n’est pas oublier, ce n’est pas faire comme si de rien était… quelque chose change.
Nous n’avons pas à porter le poids de la responsabilité , du silence et du masque. Ce n’est pas le fait d’en parler qui va créer la rupture dans la famille, le cercle amical ou professionnel.
La rupture a eu lieu par l’abuseur en premier.
Elle a eu lieu dès que cette personne a posé les mains sur l’autre et l’a mise en impuissance. L’acte de violence (physique ou moral) a créé la rupture redoutée par tous.
Le révéler ne change rien ! Elle est déjà là.
Comme un présence. Une fréquence pourraient dire le new-âge.
Palpable.
Bien vivante, dans le corps de la victime.
Faire croire à la victime que c’est elle qui porte la responsabilité de cette rupture, est un acte traumatique de plus.
Le chemin du pardon, n’est pas celui de l’oubli, qui est tout bonnement impossible : le corps ne laissera pas faire une telle injustice.
C’est le chemin de la libération.
—-> c’est se couper des liens pour se libérer des influences.
Alors, oui, cela fait peur à certaines personnalités qui ont des troubles de l’attachement (j’en sais quelque chose !)
C’est préférer, inconsciemment, choisir les relations les plus nauséabondes, que de les abandonner.
Cela implique d’oser voir qu’il ne s’agissait pas « juste » de petits actes naïfs et temporaires, mais bien que leurs effets perdurent à jamais dans le corps.
En fait, pardonner, c’est se pardonner. C’est déposer la responsabilité et la redonner à l’endroit où elle appartient.
C’est se pardonner d’avoir pris cette responsabilité.
De s’être tut.
De ne pas avoir oser rompre les relations par besoin d’attaches.
En fait, de s’être cru le sauveur du cercle familial, relationnel, professionnel… malgré les actes violents des autres.
Et une fois que les yeux s’ouvrent, l’acte de libération commence.
Parler de ce qu’il s’est passé et aussi des pressions subies par les autres pour garder l’illusion de la belle image.
Et surtout : ne plus être en contact avec ces personnes.
Et ça, ce n’est vraiment pas le pardon auquel nous sommes habitués !
Mais c’est bien le pardon dont nous avons réellement besoin, tous, en tant que société.
C’est le pardon dans son essence-même : par-don.
Donner sa part.
Redonner la part de chacun, à chacun.
Je te par-donne = je te redonne TA part.
Vous pourriez aussi aimer
Se souvenir… et après ?
19 mai 2025
Conte : le pin qui brûle.
21 octobre 2025



