La cathédrale de Chartres est connue pour ses vitraux, sa nef démesurée, sa relique exceptionnelle, sa crypte, son tertre mystérieux… et surtout ses deux Vierges Noires (mais ça, c’était avant).
Elle nous fait entrer de plein pied, dans le pouvoir grandiose du féminin, dont nous pouvons faire l’expérience dans le corps par une série d’activations énergétiques sur le lieu même.
Ces activations j’en ai fait l’expérience et je vous raconte tout ça dans le premier article de la série, ici.
Un second article m’a paru utile pour vous partager ma vision de l’énergie du féminin souverain et des Reines. Il est disponible juste là.
Dans cette page, j’ai voulu faire le lien entre les deux et comprendre pourquoi, nous faisons l’expérience des codes du pouvoir féminin, à Chartres ?
Du féminin rédempteur au féminin souverain
Les représentations de Marie dans la cathédrale ne manquent pas, bien entendu, puisque c’est une Notre Dame !
Le portail Nord lui est entièrement consacrée, ce qui, contrairement aux tours (comme je vous le disais quand la première partie) est tout à fait logique : féminin= nord. On y trouve le récit de Notre Dame rachetant les péchés par l’enfantement de Jésus. Marie devient la nouvelle Eve et contribue à la Rédemption totale de l’humanité.
Cette thématique se retrouve à plusieurs endroits, comme au niveau de la Vierge au pilier (dont nous parlerons d’avantage plus bas) tenant la pomme des péchés dans sa main droite. D’autres représentations de Marie la montrent comme Celle qui piétine la tête du serpent, nouvelle Eve triomphatrice du monstre.
Mais Chartres contient surtout la relique du voile que Marie portait au moment de l’Annonciation. Un voile qui aurait assisté à la venue de l’Ange Gabriel et l’acceptation de la Mission divine.
Ce oui, qui fut le point de départ de la Rédemption de l’humanité.
La grande rosace de la façade Nord, toujours, représente la Vierge en Reine et Mère.
En trône de Sagesse, tout comme la statuaire extérieure.
D’où vient cette représentation en souveraineté ?
C’est à Éphèse, en 431, que fut proclamé le principe de la Théotokos, c’est à dire qu’on admet à partir de là, que Marie est Mère de Dieu.
Et donc Grande Mère, telle la Déesse Mère universelle mais surtout païenne.
D’autres Déesses furent aussi assimilées à la Déesse primordiale enfantant la lumière, mais c’est surtout Cybèle qui possède des parallèles avec Marie.
L’histoire revient, toujours identique, mais avec des protagonistes différents :
« … la Déesse primordiale qui n’est pas la créatrice de l’univers, a reçu de l’entité divine créatrice inconnue et mystérieuse de mettre en oeuvre l’énergie de cet univers et d’en assurer l’harmonie. Elle est donc démiurge.
Mais des puissances obscures et adverses (…) s’acharnent contre l’univers, et l’oeuvre tout entière est compromise (thème de la Chute). Le monde terrestre eut été anéanti sans l’intervention d’un autre dieu, fils de la Déesse, mais aussi du Dieu inconnu, qui eut pour mission de rendre au monde son harmonie en renouvelant annuellement l’action initiale du créateur. » (Markale)
Ainsi, Attys, fils de Cybèle, meurt et revit… et cette image, qui est largement répandue au début du christianisme, va contribuer au succès de la nouvelle religion.
Tout comme on a construit le sanctuaire du Mont-Saint-Michel sur un ancien temple de Mithra, on construit sur les sanctuaires des Déesses Primordiales, des Églises, gardant les mêmes concepts déjà présents, mais leur attribuant d’autres noms.
Seule ombre au tableau, la Déesse Mère est, pour le peuple, celle que l’on prie pour la fécondité, la reproduction et la sexualité. Ce qui est plus difficile à marier avec l’image de pureté de la Vierge.
Mais là aussi il y a une solution.
Il suffit d’adapter et de persuader.
Si la Déesse Mère assure la fertilité, la Vierge est pure et c’est indirectement cette chasteté qui lui permet, contrairement aux autres Déesses, de racheter le mal fait par Ève, qui Elle, reste érotique.
Ève est exagérément noircie pour que Marie et sa Virginité puissent s’élever.
(Pourtant, c’est des statues de la Vierge qui sont noires… pourquoi ????)
Mais ce n’est pas fini. Une fois Marie acceptée par la population, il fallait finalement la sortir de son rôle de Déesse païenne.
Bientôt, les théologiens inventent la pré-rédemption de Marie par son fils : la Mère-matrice contenante étant modifiée par l’impact de son foetus.
Et finalement l’Immaculée Conception de Marie par sa mère Anne, en 1854 (invention consacrée par les apparitions de Marie même, à Lourdes en 1858.)
Dernier détail en tant que Rédemptrice, Elle ne pouvait à la fois plus mourir (destin réservé aux pécheurs uniquement) et ne pas pas mourir (sort réservé aux Déesses).
Ainsi apparait le dogme de l’Ascension en 1950. Marie meurt (mais pas tout à fait !) et devient Reine du ciel.
Le christianisme venait de créer un nouveau statut : ni Déesse, ni humaine mais apothéose de la Femme Souveraine.
Et les druides dans tout ça ?
Oui, pousser la porte de la Cathédrale de Chartres, c’est entrer dans le domaine de la Féminité souveraine par excellence. D’ailleurs, on trouve dans le déambulatoire une magnifique description de toute la Vie de Marie : de sa naissance à son triomphe.
La question serait donc de savoir pourquoi construire une ode à Marie en tant que Féminin Souverain, ici précisément ?
Pour commencer, il ne fait aucun doute, que la cathédrale est construite à l’endroit d’un culte pré-chrétien à la Déesse : l’ancienneté du Puits des Saints-Forts va dans ce sens car on trouve des sanctuaires du féminin près d’une source ou d’un puit.
D’autre part, un dolmen serait toujours sous la crypte (non vérifié…). Ce genre de témoignage de l’époque mégalithique antérieure aux druides (mais dont ceux-ci devaient se servir) se trouvent typiquement sur les sites telluriques. D’ailleurs, la Cathédrale est traversée par de puissantes lignes cosmotelluriques, cf S. Cardinaux, J. Bonvin, G. Pratt, L. Charpentier, …
Dans son ouvrage, Markale démontre que le nom de Chartres dériverait du peuple gaulois des Carnutes. Et il est admis que c’est sur le territoire des Carnutes que se réunissait chaque année les Druides de toute la Gaule.
Alors oui, les tertres tiennent une place primordiale dans la religion celtique… mais il faut un tertre à l’énergie tellurique particulièrement débordante pour y réunir tous les Druides, non ?
Et Chartres, c’est tout ça : un tertre, un puit, un centre druidique et une zone tellurique puissante. L’endroit idéal où ressentir toute la force du féminin dans le corps.
La problématique de la Vierge Noire
Construire une cathédrale en un tel lieu n’est pas anodin.
Y placer deux Vierges Noires, non plus !
À cause de l’ancienneté du lieu de culte, certains voient dans ces vierges de simples représentations d’Isis ou de Cybèle recyclées !
Ou de Déesses archaïques encore plus anciennes, datant du mégalithisme… (A. van der Meer)
D’autres encore, y voit de la Reine de Saba (« Je suis noire mais je suis belle, filles de Jérusalem… ne prenez pas garde à mon teint, c’est le soleil qui m’a brûlée. »)
Le recyclage clôt alors tout débat de symbolisme…
Bien souvent, comme à Chartres, les statues qu’il nous reste sont anciennes… mais pas tant que les légendes l’attestent.
La fabrication d’une statue de remplacement de la Vierge du Pilier (celle que l’on voit actuellement) date du XVIe siècle.
Et la question devient alors : si la pureté de la Vierge l’emporte à l’époque, pourquoi refaire des statues noires pour les remplacer si tardivement ?
Aujourd’hui, on les blanchit bien ! Comme nous pouvons le voir sur l’image ci-dessus pour la Vierge du Pilier (blanchie et tellement maquillée qu’on dirait une parodie !)
… soupirs…
Oui, le débat du symbolisme est relancé !
(Danse de la joie).
La pureté s’oppose à la noirceur mais si l’acte de blanchiment est plus stupide qu’il en a l’air, c’est que le Noir est souvent incompris.
L’Ombre et le Noir ne sont pas le mal (qui est bien trop malin pour se faire identifier au premier coup d’oeil, pensez plutôt à la fausse lumière !)
Cette connaissance s’est perdue et se perd encore d’avantage à coup de films Hollywoodiens (où les méchants sont les méchants et meurent à la fin).
Et on perd de vue que la Vierge Noire n’est pas l’impure, mais la Rédemptrice totale, car TOUTES les Vierges Noires sont des Vierges de Majesté !
Toutes des symboles de la Femme triomphante. De la Reine.
Il a été voulu de peindre ces Vierges en NOIR.
Comme il a été voulu de construire des cathédrales en des endroits de hautes fréquences terrestres.
« Je suis noire mais je suis belle, filles de Jérusalem… ne prenez pas garde à mon teint, c’est le soleil qui m’a brûlée. »
La brûlure du Soleil ne serait-elle pas le symbole de l’empreinte brûlante, de la contemplation de la lumière divine ?
Comment ne pas y voir l’oeuvre au Noir des alchimistes ? Cette première étape qui transforme la matière primitive, en matière Noire, par le feu.
Le Noir devient alors la couleur de ce qui a été touché par le divin.
Car seule, une matière imprégnée de divin peut donner naissance à Celui qui sera la Lumière, le Christ.
Et Marie est justement pour les alchimistes, cette matière imprégnée de divin.
Si la Vierge Noire fait déplacer des foules, c’est parce qu’elle entre en Résonance avec nos contenus inconscients.
Pas parce qu’Elle est la Cybèle érotique qui nous rappelle notre humanité sexuée. Mais parce que c’est Elle qui nous dit que nos épreuves ne sont qu’une étape orchestrée par la lumière.
Elle donne du sens à notre souffrance, à notre humanité et à notre incarnation, en nous promettant la guérison.
La Vierge Noire est une métaphore de ce premier stade, d’évolution intérieure brûlante, souffrante, mais qui amène à sortir de là en êtres triomphants. Tout comme l’enfant Jésus est la métaphore de la lumière divine.
Elle est la Sagesse acquise en allant au fond de soi, dans nos propres noirceurs, au centre du labyrinthe (d’ailleurs présent à Chartres, une preuve de plus car le labyrinthe EST le symbole du cheminement intérieur !)
C’est là que nous nous rendons pour y affronter nos peurs souches. Pour nous débarrasser de nos scories profondes.
Pour remuer la vase de notre être, comme seule et unique voie de PURIFICATION pour faire fleurir notre lumière.
C’est là uniquement, dans le Noir le plus Noir, que la Vierge devient Reine et souveraine, s’installant de façon définitive sur son Trône de Sagesse.
La Vierge Noire est la Vierge des Grands Initiés. Pas des ignares. Et il semblerait que l’Église actuelle n’appartienne plus, au premier camp… et ne comprenne plus que tout le triomphe de Marie vient du fait qu’Elle fût humaine ayant réussi à se purifier pour incarner le divin.
La Vierge Noire, c’est finalement, l’espoir de notre propre complétion… si on accepte, nous aussi, de ressortir vainqueur de la purification de notre vase intérieure.