La sauvage, une réalité historique ?
Les historiens sont péjoratifs* quand ils en viennent aux effigies de la Grande Déesse ou des cultes fait à la Déesse Sauvage. Dans When God Was a Woman (Quand Dieu était femme en français, aujourd’hui épuisé) l’auteure Stone Merlin cite des publications de recherche qui ne sont pas tout à fait objectives sur la religion de la Déesse, de l’ancienne période matrilinéaire préhistorique :
L’une de ses caractéristiques les plus marquantes était le caractère obscène, dépravé et orgiaque de ses cultes.
Prof. R.K. Harrison
Le vocabulaire utilisé comporte un biais certain, à la fois masculin et chrétien. L’influence éducative laisse des traces…
D’autre part, nous basons notre histoire sur des écrits laissés par les anciennes civilisations. D’autant que l’Histoire est toujours réécrite par les vainqueurs ! Nous ne connaissons les celtes que par les textes de Jules César… toutes les autres découvertes archéologiques ne sont que pures spéculations.
Il en est donc de même sur le « caractère dépravé » des cultes de la Grande Déesse.
C’est aussi pourquoi, pour le moment, l’existence avérée d’un culte à la Déesse Sauvage reste une hypothèse intellectuelle. Mais le grand enseignement de la Déesse est de faire renaitre les sensations. Sentons-nous sa présence dans l’histoire ?
En termes de traces archéologiques, nous savons seulement que les civilisations d’Europe et de Moyen Orient ont eu en commun une ère hautement féminine. La lignées était assurée par les femmes qui détenaient les biens et les titres de propriétés de la famille. Héritage des temps anciens où le lien n’était pas fait entre procréation et accouplement, les femmes restaient des magicienne créatrices, pouvant donner la vie. Les pères n’étaient pas reconnus.
Les lois n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Dans le cas de viol par exemple, les criminels étaient exilés (pour rappel, en orient, ce sont les femmes qui se sont fait violées qui sont actuellement punies, non pas le violeur ! ! ! )
Les peuples du nord, patrilinéaires, vinrent conquérir ces terres. Peu à peu (et non pas d’un jour à l’autre) les Dieux remplacèrent les Déesses. Souvent, elles étaient figurées par des dragons (le serpent est l’emblème des Déesses primordiales) que des héros terrassaient.
Quel a été le coup fatal apporté aux cultes des Déesses partout dans le monde ? En l’an mille, alors que le christianisme faisait foi en France, l’amour courtois faisait encore honneur aux femmes. L’Eglise s’occupait de la rédemption, la magie des femmes des soins quotidien.
Ce n’est qu’au XVIIe siècle que les pratiques furent bannies également à l’intérieur des foyers, alors qu’elle était tolérée jusque là. Il fallait bien trouver un responsable aux maux de l’époque : taxes, épidémies, famines…
Et que disent les textes bibliques ? En gros, qu’il n’existe que 2 types de femmes : la mère cosmique (c’est à dire la nonne) et Eve, la coupable de notre expulsion des enfers.
Voilà une criminelle toute trouvée ! Voilà la responsable de tous les maux de la Terre : la femme.
La suite nous la connaissons : la chasse aux sorcières, la dénonciation, la torture, le bûcher. Ce dont nous ne nous rendons pas tellement compte, c’est qu’aujourd’hui encore, l’extinction de la Grande Déesse continue. Elle est tournée en ridicule dans les pubs, dans les histoires pour enfant et même dans les publications d’historiens les plus sérieux !
Elle a atteint, culturellement, le stade ultime de sa disparition : la dénégation de son souvenir.
Et paradoxalement, l’engouement pour le sauvage n’a jamais été aussi fort. Stages de reconnaissance des plantes sauvages. Tourisme chamanique (avec prise d’hayahuasca !) Essais littéraires devenus des best-seller au panthéon du New York Times. Week-end de survie en pleine nature.
Nous avons tellement besoin de la femme sauvage que nous sommes prêt à aller contre les modèles autorisés par notre culture. Après tout, l’histoire de l’humanité s’est écrite avec elle. Cela ne fait d’ailleurs que 400 ans que nous nous en sommes coupés, moins d’ 1% de temps depuis notre apparition sur Terre.
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Le lien SOI – SAUVAGE
Pourquoi avoir besoin de cet archétype en particulier pour s’épanouir ? Après tout, il y en a des dizaines d’autres!
Retournons auprès de C. G. Jung, l’inventeur des archétypes et celui qui parle le mieux de notre inconscient. En réalité, il n’est pas passé à côté du Sauvage. Bien au contraire !
Il a découvert l’homme sauvage comme élément du Soi (au masculin). Enfin, je devrais dire, redécouvert, car certaines histoires, dites initiatrices, l’avaient déjà identifiés. Je vous en parle dans le prochain audio. Et nous allons voir que son pendant féminin, l’archétype de LA sauvage n’est rien d’autre que le Soi féminin :
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Un autre exemple de symbole de quaternité comme définition de l’humain ? La XXIè lame du tarot, « Le Monde ». Une femme au milieu de la carte est debout. Dans les 4 coins, des animaux et un ange. Chacun d’eux est aussi un symbole des 4 sphères qui définissent l’humain :
- L’ange représente bien évidemment le ciel, notre divinité, notre spiritualité.
- L’aigle, notre intelligence rationnelle, notre faculté consciente à comprendre, anticiper, calculer. C’est notre sphère mentale.
- Le lion, animal solaire, fougueux est le pendant de nos émotions, nos sentiments.
- Et pour terminer le boeuf, représente notre corps physique (et tout ce qui est matériel.)
- En résumé : corps, émotions, intelligence, âme.
Inutile de préciser que c’est une carte magnifique et très bénéfique !
J’aime à penser que les cartes du tarot représentent, ensemble, une histoire. Une histoire d’individuation, de quête de Soi. D’ailleurs, n’est-ce pas intéressant que ces cartes soient appelées des « lames » (= l’âme) ?
Ainsi, si les cartes du tarot forme un joli conte d’une héroïne qui est en quête de la réalisation de Soi, cette carte en est l’épilogue. Et comme les contes, elle se termine sur un 4 ! Sur un équilibre et une victoire.
Certains y voit même une représentation de Marie-Madeleine, femme sauvage qui vivait cachée en pleine nature (dans la partie de sa vie à Ste Beaume, dans le sud de la France). Femme doublement sauvage d’ailleurs, puisqu’elle possède une histoire plus humaine, plus incarnée que celle de la Vierge Marie. Une histoire dans la chaire, qui nous ressemble davantage et qui nous montre la voie de la réalisation !
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