Les Haxes*

Depuis toute petite, je frissonne à l’écoute des légendes des haxes*, c’est à dire des sorcières (Hexen en allemand) !

Elles hantent le village de mon enfance, les bois alentours et surtout le col à quelques centaines de mètre de là.

Car nos ancêtres sorcières ont été brûlées vives.

Ce lieu aujourd’hui réellement magnifique était avant tout fonctionnel par le passé (croisement de communication entre deux vallées, il était aussi un lieu de pèlerinage païen avant de devenir chrétien et aujourd’hui oublié). Et à cause de sa situation idéale, il fut aussi un lieu d’exécutions capitales, comme le prouve les archives (1). Dès 1613 est mentionné le cas de Anne (Steffen von der Höhe) brûlée pour sorcellerie. Puis de 1620 jusque vers 1630 furent condamnés et brûlées :

plus de 60 femmes originaires de tous les villages du Ban de la Roche. 1600 sur toute l’Alsace dans les archives, 3500 supposées (2) !

Toujours selon J. Roehrig, échapper à la peine capitale « tient du miracle ». 86% des criminels présumés sont condamnés.

 

 

Adolescents, nous aimions passer la nuit là-bas, pour nous faire peur. Et bien que je n’y ai jamais entendu de cris, j’ai toujours cru aux sorcières de la Perheux, revenant faire craquer murs et toits, à la recherche d’âmes à pervertir.

Ou… à instruire.

Car l’archétype de la femme sauvage possède les mêmes attributs que la sorcière : connaissance de la Terre, grande sagesse, isolement, créations, assistance aux naissances, destruction, pouvoir de transformation, etc. Pourquoi cet archétype a-t-il autant effrayé les hommes du XVIIe siècle ? Qu’est-ce qui a mené à une telle chasse sanglante ?

La suite est pour bientôt !

  1. Au début du XVIe siècle, un tribunal présidé par le meyger réunissait la justice villageoise à Waldersbach afin d’y juger les affaires courantes. Le tribunal se composait de six à sept échevins auxquels s’ajoutaient trois autres de Saint-Blaise et Blancherupt. Le meyger de Saint-Blaise apparaissait vêtu moitié de rouge, moitié de blanc(3). Si un criminel était saisi, il était remis au seigneur qui l’enfermait au château de Guirbaden avant de le juger, de l’exécuter et de l’exposer sur la roue sur le lieu de justice au col de la Perheux(4).
  2. Jacques Roehrig, L’holocauste des sorcières d’Alsace
  3. Ces couleurs ne sont pas un détails. Dans la légende du Graal, c’est ainsi qu’apparaissent les fées. Le blanc et le rouge symbolisent le spirituel et le matériel. Ainsi habillés, les meyger faisaient à la fois justice dans les mondes des esprits et sur le monde terrestre.
  4. Source
  5. Photo « panneau Haxes » d’en tête