Aujourd’hui j’ai à coeur de parler du pouvoir du féminin et comment on nous donne l’illusion que la femme a désormais retrouvé sa voix, alors qu’elle semble bien être tombée dans le néant.
Qu’est-ce que la voix au juste?
J’imagine tout à fait entendre votre réponse, puisqu’en général, la voix désigne le son qui sort de nos cordes vocales.
Avec un peu d’attention, la voix signifie beaucoup plus que cela.
La voix c’est la communication en générale, à partir de multiples moyens, tels que les blogs ;), les réseaux sociaux… la « génération clic » a produit cette petite merveille, où chacun peut avoir son mot à dire et le dire.
Le côté négatif, ce sont forcément les commentaires violents du net, où sous couvert d’anonymat, des internautes perdent la responsabilité de leurs propos (sous couvert de liberté d’expression) et se lâchent dans des joutes et divers enfantillages linguistiques (ce qui a ouvert également la voie au harcèlement cybernétique et je vous invite à ce sujet à voir cette formidable intervention de Monica Lewinsky.)
Retour sur la voix du féminin à l’air numérique et la tendance blogesque qui ne désemplit pas (blog cosmétique, éducatif, …) : les femmes parlent et on trouve de plus en plus de perles d’authenticité.
En quoi est-ce si surprenant?
Parce que l’éducation traditionnelle (celle des générations passées, voir même des restes de la chasse aux sorcières) a enseigné aux femmes à se taire.
Et ça a marché.
Encore maintenant, de trop nombreuses jeunes filles se taisent face à des situations choquantes (comme un oncle qui tient des propos déplacés, seul à seul dans sa voiture) et quand elles trouvent enfin le courage de parler, ne sont pas entendues.
Encore aujourd’hui la voix des femmes est dénigrée par la société et dans de fameuses émissions-de-TV-ras-des-pâquerettes.
Mais ça, ce n’est pas nouveau.
Ce qui est nouveau finalement, c’est le constat de s’être bien fait avoir. Depuis les années 1980, on a pu voir émerger une nouvelle mode d’éducation pour faire taire la voix du féminin (tout en donnant l’illusion de l’avoir retrouvé) : la femme-réussite.
L’illusion d’un changement
La société tend à nous montrer que nous avançons vers l’égalité en brandissant l’exemple de ses femmes-réussite. J’appelle ça de la dénégation insidieuse.
Mais si, vous savez bien… la femme-réussite! Elle traverse les rues de Paris dans sa jupe cigarette et ses talons hauts, un rouge à lèvre Yves Saint Laurent dans la poche intérieure de son Longchamp (et ses dossiers sous le bras.)
Oui, il existe de plus en plus de ses femmes ministres, de ses femmes entrepreneurs, de ses femmes PDG de grosse boîte (Citroën par exemple.) Elles sont au sommet de la réussite et gagnent (presque) autant qu’un PDG aux attributs tripartites.
Mais j’ai beau écouter leurs propos… je n’entends pas la voix du féminin.
Et si l’on fait l’effort de les regarder de plus près, on ne voit que de l’énergie masculine dans de jolies robes (et je ne parle même pas de Rachida Dati, de retour au travail quelques jours à peine après son accouchement, ou encore le surnom de Mme Tatcher « la dame de fer » qui veut tout dire!)
Tout simplement parce que la société ne voit la réussite que selon un seul idéal… alors? Eh bien, les petite malignes, elles ont dû emprunté des chemins masculins!
Leur voix est … … masculine.
Elles peuvent mettre des jupes et des colliers, elles choisissent pourtant la compétition, l’écrasement de l’autre, à contre courant de l’énergie féminine de l’empathie (et je reviens encore sur le discours de Monica Lewinsky ici, qui appelle à vivre dans une société de compassion et nous donne une belle leçon sur notre responsabilité quand à l’humiliation publique.)
J’en ai également fait l’expérience personnellement.
Je me souviens, dans mon ancien travail de doctorat, d’un moment qui me donne encore des frissons. Ma supérieure hiérarchique se décide à me donner une leçon afin « d’obtenir des laborantins ce qu’on leur demande » (une laborantine refusait en effet d’aller plus loin dans des tests demandés, parce que le produit que je fournissais n’était pas assez pur… je cherchais d’autres tests à faire, mais non, ma supérieure voulait celui-là et me demandait à moi et cette laborantine une impossibilité technique.)
Elle m’a donc emmené dans le laboratoire et a utilisé sa voix dans un mélange d’humiliations et d’insultes. La pauvre femme en face s’est alors mise à pleurer, et ma supérieure, ravie, s’est redressée bien fière, m’a adressé un sourire et s’en est allée, me demandant de la suivre car « nous n’avions plus rien à faire ici. »
Pourtant, je n’ai pas pu bouger. Je savais que si je restais ici, s’en était finit de ma carrière. Mais je n’ai pas suivi ma supérieure. A la place, je suis allée touchée l’épaule de cette femme de plus de 45-50 ans (et près de 30 ans de travail derrière elle, soit bien plus que ma supérieure) en larmes. J’ai fait preuve de compassion et cela m’a été néfaste par la suite (oh que oui!)
Ma supérieure avait parlé et elle pensait avoir gagné. Mais ce n’était, à aucun moment, la voix du féminin. La voix qui ne voit pas en l’autre un danger, un ennemi ou un compétiteur, mais une autre avec laquelle s’unir et créer. Avec qui trouver des solutions (mais était-ce le but? avait-elle vraiment gagné?)
C’est quoi l’énergie féminine dont le monde aurait tant besoin?
J’ai déjà parlé de l’empathie, de l’union, de la création.
Quand on pense au féminin, nous pensons aussi au domaine obscure des idées et de l’inconscience, au phénomène de la gestation mystérieuse.
L’énergie féminine c’est aussi les rythmes (comme la lune, c’est bien connu!) Chaque nuit, la face de la lune est différente de celle de la veille… ainsi les journées féminines ne ressemblent à aucune autre : tantôt créative, tantôt silencieuse, tantôt directive et active, ou encore patiente et inventive.
En comparaison, les journées solaires sont toujours les mêmes : chaque heure doit être au maximum de son rendement (le disque solaire se montre toujours plein.) La maladie, la baisse de forme (totalement naturel et humain, peut-être faut-il le rappeler) est un signe de faiblesse.
Des milliers de personnes ont pris l’habitude de s’enfiler un Fervex au moindre signe de rhume afin de rester performant. Prendre le temps de ralentir, de comprendre le pourquoi de la maladie qui nous touche (souvent pour justement nous indiquer de ralentir)… et puis quoi encore, j’suis pas une femmelette!?
On est foutu? Les figures de réussites féminines, dont nous avons parlé plus haut, ont-ils finalisés d’enterrer la voix du féminin?
Oui, ça y ressemble… les blogs féminins et les stratégies marketing données aux petites entreprises féminines (les fameux coaching) se font sur leur même modèle de performance. En clair, dans mon cas, il faudrait être visible chaque jour, sortir 3 articles par semaine dans un rythme effréné pour réussir. Le mouvement féministe lui-même, par la violence de ses actes et propos, sont dehors des valeurs du féminin.
Tout semble désigné la mort du féminin.
Et pourtant, il y a de l’espoir!
La voix du féminin se fraye un chemin le long des branches du web, ce sont des femmes encore rares, mais elles sont là et créent de véritables communautés de soutien (et elles écrivent même désormais des livres comme Wilder and Wiser.)
Ce qui n’était alors encore qu’un murmure, s’entend désormais. Car il est temps de laisser sortir, POUR DE VRAI, la voix du féminin. Se respecter, respecter nos rythmes.
Le signe que votre voix est celle du féminin?
Se sentir bien, ouvert et heureux! Avec ou sans talons.
Mais plus encore, c’est être authentique.
Et comme il faut bien commencer quelque part, j’ai retrouvé ma voix en étant authentique dans la forme aussi bien que dans le fond, en arrêtant depuis 1 an à me forcer à sortir un article « parce qu’il faut rester dans le timing » (des articles de toute façon qui ne resteraient pas les annales et dont les mots ne seraient pas les miens.)
Ou tient, pour cette fois, à ne pas mettre d’image dans un article!
C’est aussi m’autoriser à vivre des périodes de gestation et de maturation (certes silencieuses mais oh combien importantes) sans me sentir coupable.
C’est donner à mes enfants une éducation qui respecte leurs rythmes, et non pas un programme national.
C’est avoir de l’empathie.
C’est rester vraie, sans cacher mes émotions.
C’est oser parler d’évènements, d’abus.
C’est savoir dire non.
C’est de ne plus me positionner dans un rôle de sauveteur familiale et de reprendre mon autonomie.
Et c’est bien plus encore… quelle est votre façon à vous, de faire entendre la voix du féminin?