Hommage

Nous avons respecté la volonté de mon père et choisi de ne pas faire de culte pour ce dernier au revoir.

C’est entre proches, dans ses Vosges natales qu’une cérémonie belle et pleine d’émotions a eu lieue.

Nous l’avons voulu très personnelle entre photos de toute sa vie et musiques (ma fille a joué Whirlpool sur sa harpe en plus des morceaux choisis : la nocturne op.9 No.2 de Chopin, et l’Hallelujah de Jeff Buckley).

Conformément à sa volonté également, je ne ferai apparaitre aucune image de lui ici ou sur les réseaux.

Je laisserai cependant, les textes qui ont accompagnés ce recueillement… pour tous ceux qui n’ont pu être présents.

 

Un de ses paysages favoris…

 

Cher papa,

Coucher ces mots en cette occasion n’aurait pas du avoir lieu si tôt.

Mais nous y sommes et je me demande comment faire ressortir tout ce que je voyais de toi, depuis ce regard d’enfant.

Je m’extasiais devant tout ton savoir technique et ta rapidité intellectuelle et analytique. Le monde qui t’entourait était logique et tu m’as donné cette vision scientifique qui ne m’as plus jamais quittée.

Notre relation était difficile… 2 têtes de mules qui s’affrontaient constamment ! Maman en aura fait les frais ! Mais le lendemain, tout s’effaçait et on recommençait.

Tu a joué de cette drôle de dynamique entre nous pour me forcer à me dépasser. À gagner. À être la meilleure à l’école ou en compétition sportive. Mais aussi à chercher, à tester et à me débrouiller seule. Ce n’est pas un hasard si j’ai choisis de me tourner vers la Recherche.

Ce n’est pas un hasard non plus, si je me suis lancée dans la peinture ! Qu’est-ce que tu m’as épaté avec tes coups de crayon. Tu faisais surtout des plans, des vues de tes projets (voir texte ci-dessous)… mais parfois, quand on te le demandais gentiment, tu voulais bien dessiner pour nous ! Comme cette carafe en étain, incroyablement lumineuse sur le papier, avec un stylo bic pour seul outil, un soir de nouvel an.

Ce n’est pas un hasard non plus, si je suis une amoureuse de la nature ! Tu m’a appris encore et encore à reconnaitre les arbres, les oiseaux, les habitudes des animaux, les champignons…

En cours de récré, les petits enfants se disputent en disant que chaque papa est le plus fort du monde. Mais moi, je t’ai vu porter une moto vintage alors qu’on était 2 à ne pas réussir à la faire bouger.

On se demandait d’où te sortait cette force herculéenne, alors que tu paraissais parfois si maigre dans tes jeans ! Cette force que tu as ensuite employée pour ta santé, déjouant tous les pronostics vitaux qu’on nous donnait !

Bref, pour moi tu étais ce créatif de génie ET cet aventurier invincible hyper têtu.

Un Indiana Jones des Vosges avec un petit côté Clint Eastwood.

Tu étais celui qui savait tout et savait tout faire. Et celui pour lequel j’avais peur de ne jamais être à la hauteur.

Et parmi tout ce que tu m’as appris, la chose la plus importante que je retiendrai, sera ce que c’est d’avancer dans la vie avec dignité et noblesse intérieure.

Tu laisses un sillon sur ton passage sur terre, que peu d’humains auront été capable de laisser… on te suit à la trace, remontant à toi créations après créations, celles qui resteront après ton départ.

Personne ne peut réaliser à quel point tu vas nous manquer. Me manquer.

Au revoir, ça veut tout dire, parce que se revoir est certain.

 

 

Patrick est né le 10 décembre 1954 dans le foyer de Simone et Marcel, où l’attendait déjà une grande soeur, Marie-Claude.

Une petite soeur, Maire-Claire complétera la famille quelques années plus tard.

Il passera son enfance dans les Vosges et y fera ensuite ses études en CAP chaudronnerie. Son premier emploi, il le trouvera en Alsace, là où peu avant son départ pour l’armée il rencontra celle qui deviendra son épouse.

Ils se marièrent le 6 novembre 1977 dans le même village où ils s’établiront en 1980, dans la maison qu’ils ont construit ensemble. 4 ans plus tard, naitra Fanny, leur enfant unique.

Patrick changera plusieurs fois d’employeur au cours de sa carrière, mais c’est dans l’entreprise Techni Soudure qu’il s’épanouira définitivement. Là, où il fera les créations dont il était le plus fier : la cabine du TGV, l’un des plus grands miroirs de télescope ou encore les installations de pointe du fabricant pharmaceutique Lilly. Ce ne sont là que quelques exemples de réalisations professionnelles car Patrick avait un talent infini dans la conception ou le maniement du métal ou même du bois.

Fin bricoleur il fabriquera de toutes pièces un karting pour sa fille, l’ensemble du système de chaufferie pour la maison, la réfection de toute la carrosserie de sa très chère Jeep, …. jusqu’au magnifique abri en bois, des fondations à la toiture, et qui d’avis de tous, ressemble plus à un chalet qu’un simple hangar !

Et tellement, tellement plus encore : un portail et ses délicates volutes, la charpente et le toit de la terrasse, la fameuse girouette en forme de coq, une miniature de moteur à vapeur fonctionnel ou même les niches de ses chiens. Car Patrick a toujours aimé vivre entouré de ses bergers allemands qu’il emmenait en vadrouille.

Il arpentait en effet, en Jeep ou en 4×4, les chemins de forêt de tout le massif. En automne, c’était toujours en famille pour les cueillettes. Mais surtout, ces petites sorties c’était l’aventure et souvent l’excuse de se mettre des défis, comme le franchissement de la piste de la Perheux !

Il devint 2 fois papi. En 2009 tout d’abord d’une petite Romane et en 2011 d’un garçon appelé Lou.

Il prit sa retraite en 2014, à l’âge de 60 ans. C’est très rapidement après que sa santé déclina avec un premier AVC qui provoqua un coma de 3 jours. Après cet accident, Patrick ne fut plus tout à fait le même, même s’il remonta la pente de façon spectaculaire.

Ses médecins n’arrêtaient pas de dire qu’il était un sacré costaud. Et c’est vrai puisqu’il survécu à un cancer du pancréas, un second AVC et une fracture du col du fémur.

Dans ces moments les plus durs, il put compter sur son entourage, sa famille et surtout son épouse, dont le dévouement et l’énergie lui permis de revenir et surtout rester à la maison à chaque fois.

A chaque chute, il se relevait, n’abandonnant jamais la partie. Jusqu’à la dernière, provoquée selon les médecins par un brusque arrêt cardiaque et qui l’emporta dans la soirée du lundi 3 juin dernier.

Patrick nous quitte de façon abrupte et bien trop brutale.

Il laissera un vide immense dans le coeur de tous ceux qui l’ont connut et apprécié.