Conte pour la séquence de Vénus
5 décembre 2025
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Permettez-moi de m’amuser encore ! Après la mise en histoire de la séquence d’activation, voici un autre conte. Il s’agit cette fois de l’écriture créative de ma séquence de Vénus.
Cependant, les thèmes qui y apparaissent sont universels.
Il parlera donc à tous ceux et celles qui n’osent pas se montrer authentiques, de peur de perdre ce qu’ils aiment.
À celles et ceux qui s’attachent encore, au lieu de s’ancrer.
Je l’ai appellé :
« Celle qui avait peur de tout perdre »
Il était une fois, une enfant qui avait peur de tout perdre, car depuis sa naissance, tout ce qu’elle aimait ne survivaient pas.
D’abord ce fut son petit chat qui tomba malade et mourut.
Puis son chien.
Toute la basse cour.
Puis ce fut le tour de son père adoré.
Et peu de temps après, de sa mère chérie.
Elle vécut chez ses grands-parents, jusqu’à ce qu’eux aussi, disparaissent.
Sa tante qui l’accueillit ensuite, connut rapidement un destin tout aussi tragique.
Elle fut surnommée « la maudite » et personne n’osait plus l’accueillir dans sa maison, tant il était devenu certain, que sa seule présence pouvait les condamner à la mort avant la fin de la nuit.
Elle allait de village en village, dormant dans les arbres pour éviter les prédateurs la nuit et faisant l’aumône la journée. Personne ne souhaitait lui donner du travail car son histoire la précédait toujours.
Un jour, elle arriva au bout de son pays, près d’une grande mer, dans le Royaume du Silence Déformé.
Ici, personne n’avait entendu parler de ses malheurs et elle pu s’installer chez une veuve couturière.
À cause de sa peur de tout perdre si elle ne se montrait pas assez vigilante, elle était bonne travailleuse.
Discrète et silencieuse, elle eu très tôt la responsabilité de coudre les toilettes des grandes dames du palais.
Celles-ci priaient la jeune fille pour ses talents et sa beauté, regrettant qu’elle ne soit la fille d’aucune d’entre elles et envisageant des mariages avec les plus beaux partis.
Leur propres filles en eurent une telle jalousie, qu’elles voulurent se venger. Elles commandèrent une robe exceptionnelle pour l’offrir à la reine, d’une profonde teinte rouge garance.
La jeune fille ne trouva cependant aucun tissu de cette couleur sur le marché. Quand elle demandait cette teinte particulière, on la chassait.
Elle décida d’ignorer les réactions étranges des marchands ainsi que sa petite voix lui disant de se méfier, car elle voulait honorer cette prestigieuse commande. Elle ne pensait plus qu’à cela.
Elle se décida donc à faire la teinture elle-même. Elle alla cueillir de la garance sauvage et réalisa une succession de bains qui créa le plus beau rouge qu’elle n’eut jamais vu.
Après des heures passées à coudre un enchevêtrement de couches de soie et de dentelles, elle montra le résultat aux riches héritières qui la payèrent encore plus que convenue.
Elle fût priée de livrer l’époustouflante robe elle-même et décida encore une fois d’ignore cette étrange demande, toute pleine de fierté à l’idée que la reine la remarque.
Mais lorsque la reine ouvrit son paquet, elle poussa un cri et s’évanouit.
Le rouge interdit avait causé à la reine un trouble immense dont la jeune fillette ne pouvait connaître la raison… mais que savaient bien les héritières jalouses !
La reine avait en effet perdu son unique enfant qu’elle avait nommé Garance.
Trop avide de plaire, la jeune fille avait ignoré ses doutes. Elle fut condamnée à l’exil et encore une fois, elle perdait tout ce qu’elle avait.
Elle reprit donc ses errances, en se dirigeant vers le nord.
Alors qu’elle se jurait de ne plus jamais faire preuve d’autant de fierté, elle entra dans une Vallée.
Comme à son habitude, elle toqua à la première maison qu’elle découvrit pour se présenter et chercher du travail. Celle-ci était toute petite et toute recouverte de mousse. Une magicienne y habitait et la recueillit avec joie, car elle avait toujours beaucoup à faire.
Elle lui expliqua que la Vallée était un lieu magique.
Appelée Vallée des Échanges, on y découvrait comment donner et comment recevoir. Il suffisait pour cela de passer du temps à cultiver son jardin à l’arrière de la maison.
Là, la jeune fille découvrit que si elle donnait trop d’eau au jardin, celui-ci finissait par dépérir.
Par peur de perdre, on pouvait aller trop vite et oublier les besoins exacts des plantes. On pouvait même ignorer sa petite voix qui disait quand semer les graines ou quand s’abstenir.
Elle apprit surtout que trop donner ne garantissait pas une belle récolte. Il fallait mettre son énergie exactement et précisément, là où elle pouvait fructifier.
Elle resta quelques années ainsi, à cultiver le jardin de la magicienne.
Bien que la jeune fille savait désormais qu’elle ne devrait plus jamais accepter l’inacceptable pour garder l’harmonie, la magicienne s’était aperçue qu’elle était encore trop diplomate, trop silencieuse et trop douce… même quand elle brûlait de l’intérieur.
Elle lui dit alors de reprendre la route.
La magicienne lui assura qu’en allant jusqu’à la Porte des Cercles, elle pourrait approfondir ce qu’était la reliance équitable, la justice, le respect et la réciprocité.
Pour la première fois, la jeune fille n’eut pas peur de perdre sa belle amie, même si elle partait.
Elles se saluèrent longtemps et pour la remercier d’avoir entretenu ses plantes, la magicienne lui remit une bourse, en lui disant qu’il lui faudrait remettre la bille qu’elle contenait au gardien du Cercle. À peine la jeune fille l’avait-elle reçu dans ses mains, que la magicienne et sa maison disparurent.
Elle sourit, car cela ressemblait bien à son amie.
Puis elle se mit en route. Après quelques pas à peine, elle fut prise de curiosité, car sa bourse était finalement bien lourde !
Elle fut surprise de trouver à l’intérieur de la bourse la bille pour le gardien mais aussi une graine inconnue et de nombreuses pièces d’or.
Elle voyagea plusieurs jours en suivant les instructions de la magicienne, ne s’arrêtant que pour des collations rapides.
Enfin, elle arriva devant le grand Cercle de pierres levées.
Le vieux gardien se présenta immédiatement. Elle lui remit la bille de verre et il lui dit alors :
« L’égalité n’est pas un cadeau que tu reçois.
C’est une fréquence que tu incarnes.
Quand tu honores ta valeur, les autres s’accordent à toi «
Ces mots allumèrent un feu à l’intérieur de la jeune fille.
Elle comprit soudain qu’il lui fallait penser en termes de « vérité » plutôt que de compromis.
Le gardien sourit. Il se retourna et posa ses mains âgées sur deux des pierres les plus à l’ouest. La terre se mit à trembler, révélant, au centre du cercle de pierres, un escalier qui s’enfonçait dans les ténèbres, comme une spirale infinie.
Il invita la jeune fille à le suivre et la guida en douceur dans sa descente à l’aveugle.
En bas, il fit de la lumière et expliqua qu’elle était dans le Temple des Ombres Transformées, un lieu rare où les douleurs devenaient or.
Sur le mur du fond, un miroir.
La jeune fille fut prévenue : l’image serait douloureuse à voir.
Devant elle se déroulèrent en effet, les images de sa vie et de tous ceux qu’elle avait perdu. Ce qui la remplit d’un immense chagrin.
Puis, l’image changea et lui montra tous les êtres lourds qu’elle avait rencontré dans ses errances.
Toutes les charges et les fardeaux.
Et les oppression silencieuses.
Elle pouvait voir des lignes invisibles entre elles et ceux qui lui avaient fait du mal ou l’avaient rejeté avec violence.
Elle pensait jusque là effectivement être « la maudite » et les avoir attirés à elle par malchance.
Elle vit que ce n’était pas là, la raison.
Le miroir lui montra en effet, qu’elle portait en elle le feu alchimique.
L’image changea alors pour se focaliser sur le feu qui s’était révélé dans le coeur de la jeune fille : un véritable athanor qui attirait les peurs, les hontes, les charges… et les transformait en compréhension, en compassion et en lumière.
Elle transmutait ce que les autres ne savaient pas porter.
Quand les images s’arrêtèrent, que la nuit et le silence retombèrent, elle resta là. Les heures s’écoulèrent, puis de retour au Cercle de pierres, elle ne retrouva nulle trace du gardien.
Elle n’avait aucune idée de quelle direction prendre, puisque la maison de la magicienne avait disparut.
Que faire ?
Elle se rappela alors ce qu’elle avait appris chez la magicienne et se tourna face au soleil, qui s’était levé depuis peu, et se mit à suivre les murmures de son coeur à chaque intersection.
Rapidement, elle arriva dans une ville riche et belle dont elle ne soupçonnait pas l’existence. Elle s’acheta une petite maison avec les pièces d’or et planta la graine de la magicienne dans la cour.
Une fleur majestueuse de trois mètres y poussa en une nuit.
Elle était belle et gardait sa floraison à toutes les saisons, mais surtout, la rosée qu’elle y recueillait avait le pouvoir de guérir n’importe quelle blessure.
C’est ainsi que la jeune fille passa ses jours les plus heureux… à prendre soin de son jardin, comme elle l’avait appris et à donner les gouttes de guérison à ceux qui en avaient besoin.
Même certaines vieilles connaissances de son village natal, arrivèrent jusqu’à elle. Ils ne l’appelèrent plus jamais « la maudite » mais « l’alchimiste ».
Ainsi,
– celle qui avait tant crainte de tout perdre, n’hésitait plus à faire le tri pour préserver l’essentiel ;
– celle qui doutait de sa voix intérieure, était devenue un canal de clarté ;
– celle qui donnait trop, maîtrisait désormais son énergie ;
– celle qui attirait la douleur était devenu une guérisseuse de l’ombre.
Et après la vieillesse et la mort de l’alchimiste, la fleur magique atterrit un jour, dans le logo de SheArtsWild.
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