Au revoir

Un départ dans ma vie, certes attendu mais non moins douloureux, m’a plongé dans la contemplation.

J’ai perdu mon repère fixe.

Mon Nord.


Comme on me l’a dit si bien alors que je tentais d’expliquer en quoi j’étais si bouleversée : « ah ! En fait, tu as perdu ta madeleine de Proust ! »

C’est un magnifique résumé de l’univers que représentais pour moi, cet être de 88 ans.

Ma madeleine de Proust.

La part enchanté de mon enfance…

Elle avait déjà été fragmentée l’année dernière, à la même époque. Pourtant, ma madeleine survivait (c’est dingue comme on peut se raccrocher comme ça, à ce qui subsiste !)

Ma madeleine, mon nord a disparu de ce monde incarné et les portes de l’enfance se sont verrouillées sur ce fait.

Oui, il est naturel de perdre nos ancêtres…

Naturel et attendu.

Mais non moins douloureux.


Le deuil engendre cette espèce d’ambiance de rêve.

On n’a pas l’envie de continuer sa peinture, ou de faire la cuisine.

On laisse tomber ce qui n’est pas vraiment important. Comme internet.

Dans ce monde à 100km/h on stop tout. Et en plus on en a le droit (fait rarissime !!!)

Pause.

Arrêt sur image.

Il se passe quoi là ?


 Rien.

Juste une trentenaire qui a commencé à voir la fragmentation de son univers.

Un petit bout par ci.

Un petit bout par là.

Et soudain, on perd un peu plus.

On perd un instrument de survie. Un truc qui maintenait le cap. Une île qui disparait dans l’océan…


Et moi j’ai le mal.

Le mal de mer.

« Il n’y a plus de quai ma pauvre enfant ! Il va falloir t’y faire. »

Le quai a été bouffé par le néant.

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Au re-voir